Amérique latine / Espagne Élections 2016 : calendrier, analyses
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Quatre des protagonistes de l'année électorale 2016 (de g. à dr.) : Keiko Fujimori (Pérou), Daniel Ortega (Nicaragua), Nicolas Maduro (Venezuela) et Evo Morales (Bolivie) - Composition LatinReporters |
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I. CALENDRIER ÉLECTORAL 2016 (actualisé en permanence)
- 24 janvier HAÏTI, second tour de l'élection présidentielle et législatives partielles - Ces élections sont à nouveau reportées. Le 1er tour la présidentielle est ensuite annulé. Sa répétition sera d'abord annoncée pour le 9 octobre, puis pour le 20 novembre 2016. Les législatives auront lieu le même jour.
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- 7 février COSTA RICA, élections municipales
- 21 février BOLIVIE, référendum constitutionnel
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- 10 avril PÉROU, élections présidentielle (2d tour le 5 juin) et législatives
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- 15 mai RÉPUBLIQUE DOMINICAINE, élections présidentielle, législatives et municipales
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- 5 juin PÉROU, 2d tour élection présidentielle: Keiko Fujimori contre l'ex-banquier PPK
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- 5 juin MEXIQUE, élections dans 12 des 32 États fédérés (gouverneurs et députés des Congrès locaux)
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- 26 juin ESPAGNE, nouvelles élections législatives devant l'impossibilité de former un gouvernement après les élections de décembre 2015
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- 25 septembre ESPAGNE / PAYS BASQUE / GALICE, élections régionales pour renouveler les Parlements basque et galicien
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- 2 octobre BRÉSIL, élections municipales (second tour le 30 octobre)
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- 2 octobre COLOMBIE, référendum sur l'accord de paix conclu avec la guérilla des FARC
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- 23 octobre CHILI, élections municipales
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- 30 octobre BRÉSIL, second tour des élections municipales
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- 6 novembre NICARAGUA, élections présidentielle et législatives
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- 8 novembre PORTO RICO, élections générales (gouverneur, Assemblée législative, mairies)
- 20 novembre HAÏTI, élections législatives et répétition du 1er tour de l'élection présidentielle (second tour éventuel le 29 janvier 2017).
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- décembre VENEZUELA, élections régionales (gouverneurs et Conseils législatifs régionaux) - Ces élections sont reportées à une date indéterminée de 2017.
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II. TESTS DE RÉSISTANCE DU NOYAU DUR DE LA GAUCHE LATINO-AMÉRICAINE
par Christian GALLOY, directeur de LatinReporters.com
MADRID, 27 janvier 2016 – Référendum constitutionnel en Bolivie, élections présidentielle et législatives au Nicaragua et élections régionales vénézuéliennes mesureront en 2016 la capacité de résistance du noyau dur de la gauche latino-américaine après ses revers subis en 2015 à la présidentielle en Argentine et aux législatives au Venezuela.
Boliviens, Nicaraguayens et Vénézuéliens, citoyens enthousiastes ou non de l'Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique, l'ALBA fondée par Fidel Castro et Hugo Chavez, confirmeront ou infirmeront par leur vote ce que des médias conservateurs et centristes appellent « la fin du cycle populiste en Amérique latine », comme si seule la gauche versait dans ledit populisme.
En Bolivie, le président Evo Morales invite les électeurs à approuver, par référendum le 21 février, une révision de l'article 168 de la Constitution.
Il s'agit de faire passer de deux à trois les mandats présidentiels consécutifs autorisés par la Charte suprême de 2009. Une victoire du oui autoriserait Evo Morales à briguer à nouveau le pouvoir à la présidentielle de 2019 pour le conserver, le cas échéant, jusqu'en janvier 2025.
À cette date, le président amérindien de la Bolivie aurait gouverné sans discontinuité durant dix-neuf ans au long de quatre mandats consécutifs, mais sa première investiture, en janvier 2006, n'est pas prise en compte par la Constitution de 2009, qui instaurait « l'État unitaire social de droit plurinational communautaire ».
Le vote du 21 février « est le plus risqué pour Morales, car cette fois il n'affronte pas l'opposition bolivienne faible et atomisée, mais lui-même » estime l'analyste Lorena Cantó.
Malgré un bilan économique et social globalement positif, Evo Morales, qui vient de célébrer ses dix premières années de présidence, doit en effet surmonter l'usure naturelle du pouvoir, accentuée par l'ambition de s'y perpétuer.
Sa politique sociale est par ailleurs menacée par la chute des prix du gaz, principal produit d'exportation bolivien, suite à l'effondrement des prix pétroliers mondiaux.
Morales doit aussi affronter l'effet de scandales de corruption qui ont éclaboussé récemment son gouvernement, la perte de l'appui de plusieurs secteurs indigènes et les accusations d'autoritarisme encouragées par la renaissance, durable ou non, de la droite en Argentine et au Venezuela.
Le président bolivien a promis de mener « un dure bataille » contre la résurgence des modèles économiques « qui pillent » l'Amérique latine. Mais en cette fin janvier, des sondages contradictoires entretiennent l'incertitude sur sa continuité jusqu'en 2025. Ils prédisent soit la victoire du oui, soit celle du non au référendum du 21 février.
Au Nicaragua, le vétéran président sandiniste Daniel Ortega, 70 ans, fait figure de favori à sa propre succession sans même encore avoir annoncé sa candidature. Un sondage de CIG Gallup lui octroie 54 % des suffrages pour l'élection présidentielle du 6 novembre.
Ortega assumerait alors un quatrième mandat de cinq ans, dont trois consécutifs, et même un cinquième si l'on comptait, de 1979 à 1985, ses années de coordinateur de la Junte de gouvernement de reconstruction nationale mise en place après la chute du dictateur Anastasio Somoza.
Une révision constitutionnelle, instaurant comme au Venezuela la réélection présidentielle continue sans limitation du nombre de mandats, avait permis, dès l'élection de 2011, cette longévité de Daniel Ortega.
Les aides sociales gérées par l'appareil sandiniste, une sécurité urbaine très supérieure à la moyenne centraméricaine et la stabilité économique, soutenue notamment par les investissements étrangers, contribuent à l'apparente popularité de l'actuel président.
Quoique décrié par l'opposition et par les écologistes et suscitant le scepticisme d'économistes vu le ralentissement économique de la Chine, le percement au Nicaragua par une société chinoise d'un canal interocéanique qui relierait l'Atlantique au Pacifique permet au gouvernement de faire miroiter aux électeurs une croissance annuelle future de plus de 10 %, gage de centaines de milliers d'emplois nouveaux.
Mais prenant note de la défaite, aux législatives vénézuéliennes de décembre dernier, des alliés chavistes de Daniel Ortega face à l'opposition unie malgré ses clivages idéologiques, l'opposition nicaraguayenne tente elle aussi de se rassembler face au Front sandiniste de libération nationale (FSLN, gouvernemental).
Le Mouvement rénovateur sandiniste (MRS, dissidence sandiniste de centre gauche) s'est uni à l'émergente Coalition nationale pour la démocratie que voudrait conduire aux élections présidentielle et législatives du 6 novembre le leader du Parti libéral indépendant (PLI, centre droit), le député et ex-candidat présidentiel Eduardo Montealegre.
Au Venezuela, l'élection des gouverneurs et des Conseils législatifs régionaux, actuellement largement dominés par le Parti socialiste unifié du Venezuela, le PSUV chaviste du président Nicolas Maduro, est l'une des prochaines étapes du bras de fer entre l'exécutif présidentiel et l'opposition, qui contrôle l'Assemblée nationale depuis les législatives de décembre dernier.
La date du scrutin n'est pas encore fixée officiellement. Des observateurs la situent en décembre. D'ici là, il est possible que l'opposition tente de convoquer un référendum pour révoquer le président Maduro, élu pour la période 2013-2019. Sa chute éventuelle déboucherait logiquement sur une élection présidentielle anticipée.
Le nouveau président de l'Assemblée nationale, le social-démocrate Henry Ramos Allup, réaffirmait ouvertement, le 5 janvier devant les parlementaires, l'objectif de l'opposition de proposer, « dans un délai de six mois », une voie constitutionnelle pour forcer le départ de Nicolas Maduro.
Mais, sous réserve de cet assaut annoncé du pouvoir présidentiel, les élections régionales seront le prochain test global de l'humeur politique des Vénézuéliens.
Un nouveau triomphe de l'opposition regroupée au sein de la Table de l'unité démocratique (MUD) confirmerait le déclin du chavisme et réduirait à néant l'autorité du président Maduro, tant aux yeux du pays que de ses propres partisans.
Par contre, une victoire même étriquée du PSUV gouvernemental obligerait à réviser la théorie de « la fin du cycle populiste en Amérique latine ». À plus forte raison si Evo Morales gagnait son référendum en Bolivie et Daniel Ortega la présidentielle au Nicaragua. La gestion de l'économie, actuellement sinistrée au Venezuela, et ses retombées sociales seront décisives dans les trois pays.
Parmi les autres rendez-vous électoraux de 2016, la présidentielle du 10 avril au Pérou ne suscitera pas l'indifférence.
Car, avec 32 à 35 % des intentions de vote en début de campagne électorale, la favorite n'est autre que Keiko Fujimori, fille de l'ex-président autoritaire d'ascendance japonaise Alberto Fujimori, incarcéré à Lima depuis septembre 2007 et condamné pour corruption et crimes contre l'humanité.
En 2011, Keiko concédait au second tour une courte victoire à Ollanta Humala, président sortant, que la Constitution empêche de briguer un second mandat consécutif. Aujourd'hui, la principale inconnue est de savoir qui accompagnera Keiko au second tour.
Parmi les 18 autres candidats à la présidence, citons, par ordre dégressif de leur popularité actuelle, César Acuña, homme d'affaires richissime et ex-gouverneur du département La Libertad, l'ex-Premier ministre Pedro Pablo Kuczynski, l'ex-président Alan Garcia (éternel revenant), l'économiste Julio Guzmán et l'ex-président Alejandro Toledo.
Aucun d'eux et moins encore Keiko Fujimori, qui les devance d'au moins 20 points, ne ferait du Pérou un bastion de la gauche. Même le président sortant Ollanta Humala, initialement considéré comme proche d'Hugo Chavez, s'en est gardé.
Quant à l'Espagne, elle se demande encore en cette fin janvier si des élections législatives anticipées devront remédier au printemps aux difficultés de former un gouvernement après l'éclatement du bipartisme historique aux législatives du 20 décembre 2015.
Basques et Galiciens retourneront nécessairement aux urnes l'automne prochain pour renouveler leur Parlement régional.
Dernière heure - Le roi d'Espagne Felipe VI a signé le 3 mai 2016 le décret de convocation de nouvelles élections législatives le 26 juin devant l'impossibilité de former un gouvernement après les élections de décembre 2015.
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